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23. Plateforme d’accueil des demandeurs d’asile située à Marseille. Elle a fermé au 30 décembre 2015 et sera récupérée par une autre association courant janvier 2016.

24. Centre Photographique d’Île de France, situé à Pontault-Combault.

Interlude : Tenir les murs, Mehdi Meddaci


J’arrive à Marseille et déjà dans le train, en apercevant l’horizon, je suis frappée par les images de Mehdi Meddaci. Elles me suivent partout, à chaque pas, à chaque couleur, à chaque quai, dans les allées, le long des côtes, dans la plateforme Asile[23]. Je me rappelle le choc, et cette immense vague qui vient s’écraser en moi et sur le mur dans cette salle vide pleine de chaises. Je suis debout au milieu de ce mobilier de jardin et sur le plastique blanc des dossiers, des accoudoirs sur lesquels personne n’est adossé, personne n’est accoudé, vient se déposer la lumière diffuse de la vidéoprojection. On est dimanche et il n’y a personne dans le CPIF[24]. Il n’y a que des personnages qui errent dans ces décors maritimes. Les poissons rouges qui tombent du ciel, le dos de cet homme qui chantonne en regardant les feux d’artifices, celui de cet autre sur un bateau lui aussi vide, ce type debout qui joue avec sa cigarette, et tous ceux qui chutent, lentement.
C’est un film sur et pour ceux qui tombent en dansant.
Là, je sens cette cristallisation des exils, dans les rues et dans les murs, mêlée à l’histoire des pierres et au remous des vagues.
Cette émotion bizarre, une lumière interminable de crépuscule, je suis en train de partir de Marseille. Et dans la gare, les silhouettes ne sont éclairées que par les magasins, on ne voit pas les visages des voyageurs.

« De toutes façons quand on est en exil on attend tout le temps le retour. Ce qui m’intéresse en fin de compte, c’est cette sorte de géographie qui n’existe pas. Quand on ressent quelque chose de l’ordre de l’exil, de l’appartenance à un lieu, et qu’on y est pas né, on est en attente d’en faire l’expérience. »


Mehdi Meddaci

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